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GRÉY : carnage infernal.

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Synopsis
Et si je vous parlais d'un homme pire que le diable
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Chapter 1 - TUERIE CONTRADICTOIRE

Il était cinq heures du matin. Je dormais encore quand un bruit m'a réveillé brusquement.

La sirène de police se rapprochait à vive allure. C'était Monsieur Roger, notre voisin, qui les avait appelés.

En entendant les sirènes, j'ai simplement tiré un peu plus sur mon oreiller. Je ne voulais pas me lever. J'avais prévu de faire la grasse matinée en ce dimanche matin.

Mais soudain, un fracas a fait trembler la maison : la porte d'entrée venait d'être défoncée par les policiers.

J'entendais leurs pas lourds résonner à l'étage, leurs voix autoritaires scandant sans cesse :

— Police ! Y a-t-il quelqu'un ?

Pris de panique, je me suis précipité vers la porte de ma chambre. J'ai eu du mal à l'ouvrir — disons que mon père n'était pas le roi du bricolage, et cette vieille porte en bois grinçante en était la preuve.

Dès que je suis parvenu à l'ouvrir, je me suis retrouvé nez à nez avec un policier.

— Les mains en évidence ! m'a-t-il ordonné.

J'étais en pyjama, encore à moitié endormi, incapable de comprendre ce qu'il se passait.

Et pour être franc, je suis à peu près sûr qu'il n'avait même pas pris la peine d'essuyer ses pieds avant d'entrer.

Il m'a fait descendre rapidement, pendant que d'autres agents fouillaient l'étage.

Mais une fois en bas, mon cœur s'est arrêté.

Un drap blanc.

Quelqu'un, là, allongé au sol.

Un corps.

Mon père.

Ce n'était pas un cauchemar. Mon père avait été tué. Chez nous. Pendant que je dormais comme un imbécile, lui vivait ses derniers instants… seul.

Je n'ai pas pu me contrôler. J'ai couru vers le corps, bousculant un policier au passage. Deux autres m'ont immédiatement plaqué pour m'empêcher d'approcher. Ils criaient que je risquais de contaminer la scène de crime. Mais je m'en fichais. Je ne voulais qu'une chose : voir mon père. Le toucher une dernière fois.

Ils m'ont immobilisé au sol, puis sorti de la maison de force. Je me débattais comme un fou, les larmes me brouillant la vue.

— Laissez-moi ! Papa ! PAPA !

Mon monde venait de s'écrouler. Tout autour de moi devenait flou. Comme si la réalité s'effaçait, emportant avec elle l'homme que j'aimais le plus Au monde.

Les policiers m'ont traîné dans la cour. Le bruit des sirènes, les regards des voisins, les menottes froides sur mes poignets, et mon cœur qui refusait de s'arrêter de battre… Qu'est-ce qui s'est passé, papa ?

Ils m'ont fait monter dans leur véhicule. Je pleurais tellement que ma tête cognait comme jamais. Puis, d'un coup, brutal comme un éclair, une pensée m'a traversé l'esprit…

Maman ?!

Je me suis mis à crier, mais aucun son ne sortait. Les policiers, eux, étaient tous dans la maison. Et moi, menotté, enfermé dans ce vieux fourgon de police, je ne pouvais rien faire.

Trente minutes plus tard, un homme s'est approché. Enfin. Même s'il ne m'inspirait pas confiance, il était la seule personne qui pouvait répondre à mes questions.

— Bonjour. J'aimerais que vous me suiviez au poste pour que je puisse vous interroger.

Je l'ai coupé net.

— Est-ce que vous savez où est ma mère ?

Mes yeux pleins de larmes, mon cœur n'attendait qu'une seule réponse : qu'il me dise que ma mère était vivante.

— Non… nous ne savons pas où elle est.

Je me suis tu. Tout perdait son sens. Il continuait à parler, mais je n'écoutais plus rien. Ma tête me faisait mal. J'ai fermé les yeux. Je ne sais pas combien de temps j'ai pleuré ainsi.

Je crois que le véhicule avait démarré… ou pas. Je m'en foutais.

À l'arrivée, un policier m'a ouvert la porte. Il parlait, mais sa voix était floue.

— Ma mère… vous l'avez retrouvée ?

Il s'est arrêté, comme s'il cherchait ses mots.

— Euh… ta… ta mère ? Non, personne ne sait où elle est…

Nous sommes entrés dans un bureau. On m'a retiré les menottes. J'ai attendu. Une demi-heure peut-être. Puis la porte s'est ouverte.

Un homme est entré, carnet à la main, les jambes croisées comme un acteur de série policière.

— Monsieur… euh ?

— GRÉY.

— Oui, monsieur GRÉY. Je suis désolé pour ce qui est arrivé à votre père.

— Moi, je veux juste savoir ce qui s'est passé. Pourquoi est-il mort ?

— On ne sait pas encore exactement, mais c'est bien un meurtre. Je vais éviter trop de questions. Vous êtes sous le choc, on va y aller doucement.

— Merci…

— Où étiez-vous, vers 4 heures du matin ?

— Je dormais.

— Est-ce que votre père vous a parlé de quelqu'un, d'un danger… ? Quelque chose qui aurait pu annoncer ça ?

Je l'avais vu. Mon père, au sol. Mais entendre cet homme dire qu'il était mort, ça me ramenait à la réalité.

— Pardon, je sais que c'est dur…

— Si on pouvait éviter de parler de lui comme ça, ce serait... top. Super. Merveilleux.

J'ai répondu par instinct. Mon esprit était ailleurs.

— Monsieur GRÉY ? Vous m'entendez ?

— Désolé, monsieur l'agent.

— Appelez-moi Loïc.

— Ok.

— Avez-vous vu ou entendu quelque chose d'inhabituel cette nuit ?

— Non… rien.

— Un voisin affirme que vous aviez l'habitude d'être actif vers minuit ces derniers jours.

Ça m'a coupé net.

— Je sais que c'est monsieur Roger qui vous a dit ça.

— Répondez.

— Oui, je sortais, toute la semaine. Mais pas cette nuit-là. J'étais épuisé, je me suis endormi tôt.

— Pourtant, il affirme le contraire.

— Écoutez-moi, monsieur Loïc, je n'ai pas tué mon père !

J'en avais assez de ces questions idiotes, alors que le meurtrier courait, et que ma mère avait disparu.

Je suis sorti du poste comme si j'avais besoin d'air. J'ai pris un taxi pour rentrer. Mais j'avais oublié… ma maison était une scène de crime.

Devant chez moi, j'étais figé. Tout était flou. Tout était trop. Je regrettais tellement.

---

Au commissariat

À peine parti, un agent stagiaire, Richard, doué mais un peu fou, rejoignit Loïc.

— Alors ? Tu lui fais confiance ? demanda Richard.

Loïc soupira. Il avait demandé à Richard de creuser mon alibi. Grâce au GPS de mon véhicule, il savait désormais que j'étais bel et bien sorti cette nuit-là, et que j'étais rentré vers 2h… juste avant le meurtre.

— Je savais qu'il mentait… Maintenant, reste à savoir pourquoi, dit Loïc.

— Il avait peur d'être accusé ? répondit Richard.

— Peut-être… Mais son regard me rappelle les psychopathes dans les dessins animés de mon enfance.

— Hein ? Vous avez eu une enfance ? J'étais persuadé que vous étiez né dans une forêt avec des ours...

Loïc secoua la tête, dépassé. Ce n'était pas le moment. Ils allèrent voir Zarah, la médecin légiste.

---

Chez Zarah

Zarah enleva le drap blanc du corps de mon père.

— On ne lui a pas fait de cadeaux. Il a été assommé avec force, probablement contre le plancher. Puis frappé avec rage… une force surhumaine. Même après les coups, il était encore vivant. Mais aveugle, sourd, muet, défiguré… S'il avait survécu, il aurait vécu comme un légume.

Richard détourna les yeux.

— C'est impossible de comprendre autant de haine, surtout envers un vieil homme…

Zarah continua :

— Ensuite… on lui a ouvert la poitrine et arraché les intestins pendant qu'il respirait encore.

Loïc grimaça.

— Il l'a sûrement regardé mourir… installé, tranquille. Il paraît qu'une chaise a été retrouvée près du corps.

Zarah acquiesça.

— Et il y avait un autre sang sur le couteau… Celui d'une femme. Peut-être… sa femme.

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La maisonnette dans les bois

De mon côté, j'étais brisé. J'avais besoin d'être seul. J'ai marché dans la forêt, jusqu'à une vieille maisonnette que j'avais découverte lors d'un footing. J'y venais souvent pour fuir.

Je me suis effondré au sol, incapable de penser. Hier encore, on riait tous les trois devant un film. Pourquoi moi ?

Je suis resté là, des heures. Les larmes avaient cessé. Puis j'ai entendu des pas s'approcher.

— GRÉY ! Tu es là ? C'est Falone !

Dieu merci.

Elle entra. Lorsqu'elle me vit, je sentis dans son regard… un mélange de compassion et de malaise. J'étais assis par terre, pourtant il y avait des chaises.

Elle ne dit rien. Elle s'assit près de moi. C'était agréable.

Pas seulement parce que c'est une bombe… mais parce qu'elle savait se taire au bon moments.